Le projet RAQMYAT est crucial pour l’avenir de l’enseignement et de la recherche dans les SHS. Il vient répondre à l’un des objectifs poursuivis par les universités tunisiennes, dont l’Université de la Manouba : l’exploitation de la transition numérique comme opportunité pour transformer les façons de faire et pour se réformer de manière pragmatique et de manière endogène.
Il s’agit de profiter des bienfaits de la diffusion de l’ordinateur et des passerelles technologiques pour résorber le retard et réduire les fractures qui existent et bloquent le développement. En dépit du peu de moyens dont les établissements universitaires disposent, les administrations, enseignants et chercheurs sont équipés en matériel informatique et en supports et apprentissages digitaux. Cette appropriation satisfaisante de l’informatique devrait faciliter une intégration des activités scientifiques au sein de l’espace nationale et en direction des espaces universitaires voisins.
L’un des principaux défis du projet RAQMYAT qui s’adresse aux formations doctorales en sciences humaines et sociales est de parvenir à embarquer, moins les sciences économiques et sciences de gestion, que les autres sciences humaines comme l’histoire, la linguistique, l’anthropologie, le droit ou les sciences cognitives. Les fondateurs de l’université tunisienne ont joué un rôle de premier plan dans la diffusion des nouvelles méthodes en SHS. Ils étaient ainsi tous animés par le souci d’expérimenter ces nouveaux outils sur différents corpus et de contribuer à l’enrichissement des savoirs en humanités. Le constat aujourd’hui est que l’avenir des SHS est compromis en raison des changements radicaux intervenus depuis les dernières décennies dans les vocations de l’institution «université», et ce un peu partout dans le monde. Cette institution est de plus en plus appelée à former des technocrates. Dans ce contexte, le projet RAQMYAT est pensé comme une forme d’action, de résistance qui permettra, grâce aux humanités numériques, par les différentes opportunités qu’elles offrent, sur le plan social, didactique et académique, de donner un nouveau départ aux SHS dans cette ère numérique de notre histoire.
Plusieurs enseignants-chercheurs, linguistes, historiens, économistes, géographes, juristes, etc travaillent depuis au moins deux décennies sur le créneau des humanités numériques. Ce projet est donc l’occasion de les regrouper et de les mettre en réseau afin de leur permettre d’élaborer ensemble et dans la pluridisciplinarité, voire la transdisciplinarité, une stratégie et de la mettre en œuvre sur les plans de l’enseignement et de la recherche en SHS.
Le prolongement qualitatif du projet RAQMYAT tient à ce qu’il ouvre des possibilités d’investir des modules d’apprentissage en direction des diplômés et de préparer en amont les conditions de formation qui vont leur permettre de fréquenter méthodes et outils pour construire des corpus et des supports nouveaux inscrits dans le XXIe siècle.
This news was originally published on the previous website of the project RAQMYAT on 7th MAY 2020